Guerre ou Révolution?

la bataille d'Alexandrovsk - Janvier 1918

Nestor Makhno

La révolution Russe en Ukraine (mars 1917 - Avril 1918)
éditer par "La Brochure mensuelle" en 1927


Le 8 Janvier, les cosaques du Don et du Kouban abandonnent le front extérieur, ils se dirigent vers le don par toutes les voix de chemin de fer, voulant rejoindre les armées anti-révolutionaires du Général Kalédine. 

Certains (18 "échelons" de cosaques du don et du kouban, et 6 ou 7 "échelons" de haïdamaki de la Rada Centrale*) veulent passer par la ville d'Alexandrovsk , mais le comité révolutionnaire de cette ville ne veut pas qu'ils passent par là (ce qui aurait signifié abandonné la ville au pillage). 

Une délégation a été envoyée au cosaques pour les dissuader de passer par Alexandrovsk, ou tout du moins pas armés. La délégation cosaque, composée en la plus grande partie d'officiers arrogants et de sans grades qui la fermait, les insulte, leur dise qu'ils sont plus fort, qu'ils n'ont pas à demander la permission pour passer. 

La délégation d'Alexandrovsk, dont les anarchistes d'Alexandrovsk, Marie Nikiphorova, et Nestor Makhno qui représente "les paysans révolutionnaires de la région de Goulaï Polé" et le "groupe anarchiste communiste" leur répond :

S'il en est ainsi, nous vous quittons. Nos pourparlers sont rompus. Nous, représentant des paysans, des ouvriers et des matelots, voyons dans votre attitude, le désir de provoquer une lutte fratricide sanglante. Venez donc! Nous vous attendons.

Revenus dans leurs lignes, il font savoir aux combattants que les pourparlers ont échoués et que l'ennemi va arrivé d'un instant à l'autre. Le climat se tends, on les entends arriver. Makhno s'accroupit près de deux combattant se disant mutuellement : "Quelle mauvaise chose que la guerre" 

Je cite :

"Oui mes amis, la guerre est une bien mauvaise chose. Nous le sentons tous, mais ne pouvons pas ne pas y prendre part...

- Et pourquoi donc ? ... ...

- Tant que les ennemis de notre liberté -continuai-je- recourront aux armes pour nous combattre, nous serons obligés, nous aussi, de leur répondre les armes à la main. Nous voyons en ce montent que nos ennemis ne renoncent pas à nous combattre, et cependant ils savent très bien que les travailleurs ne veulent plus être des esclaves à solde, mais qu'au contraire ils veulent être libres, à l'abri de tout esclavage. Il semble que cela aurait dû suffire.

Nos ennemis les "Pomechtchiki", les patrons d'usines et de fabriques, les généraux, les fonctionnaires, les marchands, les popes, les geôliers, et aussi toute la meute des policiers payés pour protéger tous ces soutiens du régime tsariste, auraient dû comprendre et ne pas se mettre en travers du chemin des travailleurs qui tentent de parachever leur oeuvre de libération révolutionnaire.

Non seulement ils ne veulent pas les comprendre, mais encore ils essaient d'attirer à eux un certains nombre de socialistes-étatiste et, de concert avec ces traîtres, ils inventent des formes nouvelles de l'autorité pour empêcher les travailleurs de conquérir les droits à une vie libre et indépendante.

Tous ces fainéant ne font rien, ne produisent pas ce dont ils ont besoin, mais s'efforce d'avoir tout sans travailler, de tout diriger, y compris la vie des travailleurs, et toujours, -cela est caractéristique- au dépend des travailleurs. Et, par conséquent, c'est eux qui sont responsable de cette guerre et non pas nous. Nous ne faisons actuellement que nous défendre, mais cela amis, n'est pas suffisant. 

Nous devons non seulement nous défendre, mais passer à l'offensive, à notre tour, car se défendre aurait été suffisant, si, ayant renversé le pouvoir du Capital et de l'Etat, nous vivions dans l'abondance et dans la liberté, si l'esclavage aboli avait été remplacé par l'égalité et que, alors, nos ennemis se fussent dresser contre nous dans le but de nous écraser et de nous asservir. Mais lorsque nous ne faisons encore que tendre vers ce but, nous devons penser à attaquer nous mêmes nos ennemis.

La défense est étroitement liée à l'attaque, mais elle appartient à ceux de nos frères et soeurs qui, sans faire partie des premières lignes révolutionnaires, ne font que suivre les combattants et, reprenant leurs idées, élargissent et intensifient la Révolution que, à tort, vous appelez la guerre amis.

Dans ce cas l'oeuvre de défense acquiert son vrai caractère et justifie tout le sang versé par les combattants dans la phase destructive de la Révolution, en consolidant leurs conquêtes sans en déformer le caractère et la "portée".

A ce moment un commandement retentit : Section de mitrailleuses-feu !

Ensuite la bataille s'engage... 

Les cosaques finissent par reculer, leur train en reculant percute le train de renfort qui arrivait, les deux déraillent. A trois heure de l'après midi les cosaques renvoient une délégation de 40 membres avec un drapeau blanc, formée en majorité de cosaques de base. Celle-ci leur apprends que les cosaques sont suivis de haïdamakis qui rêvaient d'occuper Alexandrovsk pour s'en servir de base pour des opérations de pillages et de pogroms. 

Mais après l'amère défaite et les déraillement, ils sont repartis vers Nicopol-Apostolovo... Les cosaques eux sont près à déposé les armes mais veulent garder leurs chevaux, leurs selles et leurs sabres.

Les révolutionnaires refusent d'abord et finissent par leur laisser leurs chevaux et leurs selles.

Le désarmement des cosaques dura deux jours durant lesquels on les ravitailla et on organisa des meetings à leur intention. Le bloc bolchevik-S-R. voulurent gagner les cosaques à leur cause, en leurs exposant les bienfait qu'apportera la révolution, mais ceux-ci restèrent plutôt froid, voir narquois. 

Puis Marie Nikiphorova leur déclara que les anarchistes ne promettent rien à personne, qu'ils désirent que les hommes apprennent à se connaître eux mêmes, à comprendre leur situation sous le régime actuel d'esclavage, qu'ils désirent enfin que ces hommes conquièrent eux-mêmes leur liberté.

Mais avant de vous parler de tout cela plus en détail, je suis obliger de vous dire, cosaques, que vous avez été jusqu'ici les bourreaux des travailleurs de la Russie, le resterez vous à l'avenir, ou bien prendrez vous enfin conscience de votre rôle odieux et rentrerez vous dans la famille des travailleurs. Cette famille que jusqu'à présent vous n'avez pas voulu reconnaître et que, pour un rouble du tzar ou pour un verre de vin vous étiez toujours prêt à crucifier vivante ?

A ce moment là les cosaques qui étaient là au nombre de plusieurs milliers ôtèrent leurs hauts bonnets d'astrakan et baissèrent la tête. Marie Nikiphorova continuant son discours, beaucoup sanglotaient comme des enfants. Ce discours les impressionna, cela tissa des liens durables avec les anarchistes. 

Après cinq jours passé à Alexandrovsk, certains exprimèrent leur envie d'aller combattre Kalédine et on les y envoya, d'autre préférèrent rentrer chez eux (Les bolcheviks leur piquèrent leurs chevaux au passage...).

La suite, c'est, plus tard, la Makhnovstchina, la prise de pouvoir des bolcheviks qui éteignirent la révolution pour imposer leur dictature, soixante dix ans d'obscurantisme sur ce qu'à été réellement cette révolution.

 

* Rada Centrale: sorte de gouvernement nationaliste ukrainien autoproclamé , xénophobes....


Source: Increvables Anarchistes

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